La situation du commerce de centre-ville se dégrade de manière rapide et se traduit par des taux croissants de vacance des locaux commerciaux, et par des rotations accélérées… Ces chiffres indiquent que la revitalisation commerciale des centres-villes relèvent à la fois d’une situation complexe et d’une évolution préoccupante.
Par un suivi régulier de l’évolution de ces chiffres, les acteurs participant à la redynamisation des commerces de centre ville, tels que les managers de centre ville, seront à mêmes de constater le succès ou l’échec des actions qu’ils mettent en œuvre.
Disparité des taux selon les communes et depuis 2001
La vacance commerciale était en moyenne de 9,5 % du parc de locaux commerciaux en 2015. Mais elle pouvait monter à 11,1 % dans les cœurs d’agglomérations de moins de 50 000 habitants. Ces moyennes cachent en fait des disparités extrêmement fortes ; elles sont passées de 7,2 % en 2012 à 9,5 % en 2015
Disparité mais aussi aggravation des situations. Les villes considérées en situation favorable, c’est-à-dire avec moins de 5 % de vacance commerciale, étaient au nombre de 87 en 2001, mais seulement 15 en 2015. Et celles en situation très défavorable, plus de 10 % de vacance, 23 en 2001, et une centaine en 2015.
Dans le cadre d’une étude menée par l’Institut pour la Ville et le Commerce, il apparaît quatre catégories de situation de dégradation du taux de vacance commerciale :
– Le cas qui se concentre aux franges des axes marchands principaux (exemple Brest) ;
– La catégorie qui touche et ne dégrade qu’un seul axe, le plus souvent une rue marchande historique du centre-ville (exemple Vierzon) ;
– La situation qui concerne l’ensemble de la ville, à l’exception de la principale artère commerçante (comme Nevers) ;
– L’ensemble du centre-ville est touché (exemple Béziers).
La question de la vacance commerciale au centre de l’attention, mais pas uniquement
Si la question de la vacance commerciale est essentielle et illustre parfaitement, grâce à sa visibilité concrète, la situation de nombreux centres-villes et centres-bourgs, elle est cependant loin d’être la seule à devoir être traitée.
La fragilisation des centres-villes est en effet, le plus souvent, le produit d’un mélange dont les principaux ingrédients sont la dégradation du bâti, intérieur et extérieur, les difficultés d’accès et de stationnement, la baisse de la population du centre et sa paupérisation, la fuite des équipements attractifs et des services du quotidien, la concurrence des grandes surfaces en périphérie.
Source : Conseil général de l’environnement et du développement durable 2016
La réaction institutionnelle
Le projet « cœur de ville » destiné à 222 communes (5 milliards d’euros sur cinq ans) ou le FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce), ont été mis en œuvre pour répondre aux besoins des villes ; Mais malgré des initiatives pertinentes, les moyens ont été notoirement insuffisants.
Ainsi, en 2015, 89% des demandes de projets commerciaux examinés par les commissions départementales d’aménagement commercial (CDAC) ont reçu un avis favorable. C’est dire que presque tous les projets ont été validés, et que de fait, les moyens ont rapidement manqué. Car il importe d’accorder beaucoup de vigilance sur les projets présentés en commission et de garder à l’esprit les enjeux liés à l’équilibre du commerce.
Chaque projet doit apporter un intérêt au tissu économique dans sa globalité. C’est d’ailleurs la préoccupation des associations d’élus locaux.
Ainsi, il importe de réfléchir à la situation des commerce, et voir comment cela s’inscrit dans la stratégies urbaines locales et régionales.
Enfin, la réflexion autour du numérique, comme la généralisation de la couverture des cœurs de villes (WIFI libre accès), ou la mise en place de tiers-lieux (co-working, fab-lab, e-learning…) à proximité des gares, est majeur aujourd’hui. L’objet est d’accueillir des activités utilisant à plein les possibilités du numérique pour attirer les populations actives dans les centres-villes
il n’y a pas de fatalité
L’offre commerciale est un critère essentiel. La fragilisation et la raréfaction des commerces de centre-ville font entrer ceux-ci dans un cercle vicieux. Il en va de même de l’implantation de certains commerces qui brisent les parcours de chalandise, comme un trop grand nombre d’agences bancaires ou immobilières, de salons de coiffure ou de magasins d’optique ou, a fortiori, des commerces sans relation avec leur localisation qui provoquent la chute du chiffre d’affaires des voisins et, de ce fait, accroît leur volonté de quitter les lieux.
Tous les centres-villes ne s’en sortent pas de la même façon ; certains mieux que d’autres tout en étant soumis à des conditions similaires. Mais des exemples ont montré qu’à conditions égales il est possible de redynamiser un centre-ville comme pour des villes de Mulhouse ou de Caen, ou à l’étranger avec Rome, Lisbonne ou Budapest
En résumé, il importe de s’appuyer sur l’attachement des consommateurs aux centres-villes, de reprendre les succès constatés dans l’hexagone ou à l’étranger (témoignages), et de n’intégrer la politique de préservation des commerces de centres-villes que si toutes les parties prenantes (politiques, associations, commerçants) sont en action.